Des opposants au projet des tours jumelles de la Défense expulsés de leur logement

Des habitants du quartier de la Défense, à Paris, ont tenté, par tous les moyens, de faire annuler le projet de construction des tours jumelles. Certains occupants de la résidence des Damiers ont été expulsés, cet été.

Les tours Hermitage donnent une magnifique vue sur la tour Eiffel


Deux gratte-ciels de 320 mètres de haut

Imaginées par l'architecte Norman Foster, les deux tours devraient bientôt culminer à 320 mètres de haut, soit quatre mètres de moins que la tour Eiffel. Leur construction, qui pourrait être finalisée d'ici 2024, impliquera un investissement de 2,8 milliards d'euros, soit le plus important depuis le projet Eurodisney, en 1989. Les deux immeubles devraient notamment réunir 500 appartements haut de gamme, un hôtel, des commerces et 35 000 m² de bureaux.
 
Le projet a été lancé en 2007 mais a été freiné par des dizaines de recours, formulés devant plusieurs juridictions. Les travaux de démolition n'ont ainsi pas débuté.
 

Les occupants d'une résidence expulsés

La résidence des Damiers se trouve à l'emplacement exact de la construction des immeubles. Elle devrait ainsi être détruite et ses derniers occupants ont été expulsés par un huissier, la police et des déménageurs, au début du mois d'août. Christine, ex locataire, ne cache pas sa déception : "Je ne pourrai jamais retrouver la même chose pour le même prix", a-t-elle confié à La Croix.
 
Elle a pourtant vécu dans des conditions difficiles, des derniers mois. Le bâtiment était squatté et des fêtes se tenaient sur les toits : "En 2015, ils ont carrément coupé l’électricité à Noël", s'est-elle souvenue. Un dégât des eaux avait également détérioré son habitation : "Logis-transports n’a jamais voulu payer les réparations, arguant que l’immeuble allait être démoli", a-t-elle ajouté. Elle ne pense pas que les incidents aient été fortuits : "Comme par hasard, tous ces problèmes sont arrivés après que nous ayons fondé l’association Vivre à la Défense et signifié notre résistance."
 
Plusieurs habitants avaient refusé les propositions de relogement. Les plaintes qu'ils ont déposées ont finalement été classées sans suite.
 

La cour d'appel de Versailles tranchera

Sylvie Vandenberghe, présidente du bailleur social, a quant à elle assuré à l'AFP que "de nombreuses solutions de relogement ont été soumises aux locataires". Christine n'y a jamais trouvé son compte : "On nous proposait des logements loin des transports, plus petits et beaucoup moins bien", a-t-elle commenté. Le média La Croix précise que l'association a même déposé une plainte contre le bailleur social, estimant qu'il avait imposé des baux facilitant l'exclusion, dès 2007. Les locataires joueront a priori leur dernière carte devant la cour d'appel de Versailles, le 17 octobre. A moins que…
 
Lors d'un entretien accordé aux Echos, le président du conseil d’administration de l’établissement public Paris-La Défense a indiqué avoir de "sérieux doutes" sur les moyens financiers du groupe Hermitage, pour financer les deux bâtiments. Et La Croix ajoute que ce dernier a récemment été saisi pour non remboursement d’un prêt de 8,5 millions d’euros à 15 % d’intérêts contractés auprès d’une société panaméenne. Un revirement de situation assez gigantesque pourrait encore survenir.

Découvrez le projet des tours Hermitage en vidéo :
 

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