Un promoteur donne des idées pour sortir de la crise du logement

Alain Dinin, président-directeur général de Nexity, a livré 22 propositions pour sortir de la crise du logement. Il pense que le gouvernement a fait des erreurs et que la situation pourrait empirer, dans les prochaines années.


Nexity : un chiffre d'affaires de 3,5 milliards d'euros

PDG du plus grand groupe immobilier français, Alain Dinin s'inquiète de la situation du marché de l'immobilier. Lors d'une conférence de presse, il a pointé du doigt certaines décisions prises par le gouvernement et a fait connaître ses 22 propositions, "à la fois fiscales, législatives et structurelles", pour redresser la situation : "On a le droit de penser que c’est artificiel, ça ne l’est pas. Certaines nécessitent de renverser la table", a-t-il lancé d'emblée aux journalistes (propos relayés par Sud-Ouest)
 
Alain Dinin est à la tête de Nexity, lequel représente un chiffre d'affaires de 3,5 milliards d'euros et un bénéfice, avant intérêts, impôts et taxes, de 365 millions d'euros. Le groupe compte notamment 7 276 collaborateurs et détient notamment Guy Hoquet et Century 21.
 

"On sent la montée de la désespérance dans notre clientèle"

Le patron estime qu'il est plus que temps d'agir : "Si on ne plafonne pas les prix du foncier, si on ne touche pas à la fiscalité, on produira moins de 350 000 logements par an et, dans 3 à 4 ans, on aura une société qui votera n’importe comment, a-t-il ajouté. En un an, les taxes et prélèvements sur le logement sont passés de 70 à 74 milliards d’euros. On sent la montée de la désespérance dans notre clientèle. Elle est là notre inquiétude. Il faut peut-être se mettre en avant car il y a une responsabilité RSE des entreprises. C’est ça qui nous anime."
 
Il prône plusieurs mesures phares, comme la création d'un dispositif location-accession intermédiaire, l'actualisation du zonage, ou encore le rétablissement de l'APL accession, laquelle a récemment été supprimée par le gouvernement. Il vient ainsi au secours des familles qui ne sont plus en mesure de devenir propriétaires, estimant qu'elles sont lésées par les nouvelles lois. Il milite pour davantage d'accords entre les promoteurs et les mairies, impliquant des logements à prix maîtrisés pour faciliter l'accession. Il propose d'autres modes permettant aux particuliers d'acheter un logement, tels que la location avec option d'achat ou la nue-propriété.
 
Il pense également que "c’est l’Etat qui vit sur le dos du logement et pas le contraire" : selon ses calculs, 40 % du coût d'un appartement correspond aux taxes de l'Etat, 30 % au prix du terrain, 10 % à la marge du promoteur et le reste au coût de la construction. Il souhaite "un programme de désintoxication fiscale et réglementaire".
 
Il n'enterre pas la loi Elan, qu'il ne juge "pas mauvaise". Il regrette néanmoins qu'elle ait "recentré les dispositifs" sur les zones tendues. Et de conclure : "Ce n’est pas du lobbying, ni une démarche d’entreprise, c’est une démarche de citoyen !" La date de son intervention n'était pas anodine, puisqu'elle précédait d'une journée l'annonce des chiffres 2018 par le ministère du logement.
 

Les 22 propositions de Nexity :

  1. Créer un dispositif de location-accession intermédiaire
  2. Rétablir l'APL accession
  3. Prolonger le PTZ en zones B2 et C jusqu'en 2021
  4. Réformer en profondeur les droits de mutation dans le cadre de transactions de logements
  5. Donner la garantie de pouvoir utiliser la totalité de constructibilité prévue en zones tendues
  6. Permettre les dépassements de constructibilité jusqu'à 100 % et instaurer des constructibilités supplémentaires
  7. En dernier recours, instructions et délivrance des permis de construire par le préfet en zones tendues
  8. Instaurer un seuil minimal de constructibilité en zone urbaine
  9. Appliquer la TVA intermédiaire de 10 % en zones tendues dans la bande des 300 à 500 mètres autour des QPV (quartiers prioritaires de la ville)
  10. Rétablir la TVA réduite à 5,5 % pour le logement locatif très social
  11. Ne pas appliquer aux jeunes actifs la réforme de la contemporanéité de l'APL
  12. Développer le "bail solidaire" dans le neuf
  13. Créer l'usufruit locatif intermédiaire en zones tendues
  14. Intégrer les locaux de convivialité des résidences multigénérationnelles dans le financement du logement social ordinaire
  15. Actualiser la cartographie des zones A, A bis, B1 et B2
  16. Maintenir le dispositif Pinel en zone B2 (contiguë B1) jusqu'à fin 2021
  17. Créer un statut de bailleur privé conventionné
  18. Prolonger jusqu'en 2021 le dispositif Censi-Bouvard et étendre l'accueil aux jeunes actifs
  19. Faire revenir les investisseurs institutionnels
  20. Rentre transparents les prix de cession du foncier et les prix de sortie des programmes
  21. Pour une urbanité durable
  22. Pour une adaptabilité des comportements et des interventions des acteurs du logement.

A lire également dans le dossier Articles sur l'immobilier en France :