Toulouse : les projets se multiplient, les recours aussi

Les demande de permis de construire sont en forte hausse, à Toulouse. Certains riverains n'accueillent pas les changements très favorablement, dans leur quartier, et les recours se multiplient, au grand dam des promoteurs.

Centre-ville de Toulouse


Toulouse, ville en pleine croissance

Toulouse accueille 8 000 nouveaux habitants tous les ans. Et à l'échelle de l'agglomération, ce sont 15 000 résidents qui arrivent. La ville accuse un déficit de logements, depuis de nombreuses années. Avec la fin de la crise, les projets se multiplient afin de répondre à la demande.

Selon l'indice Sitadel de construction de logements neufs, le département de la Haute-Garonne a vu ses demandes de permis de construire croître de 9,9 %, depuis douze mois. Sous réserve qu'elles soient toutes validées, 21 700 logements pourront bientôt sortir de terre. La mairie tente de bien orienter les investissements : "Nous maîtrisons les projets, nous discutons avec les promoteurs immobiliers comme avec les riverains qui font des recours gracieux, ce qui peut conduire à des modifications de projets. Nous sommes attentifs et vigilants pour ne pas faire n'importe quoi et nous faisons aussi œuvre de pédagogie. Toute notre politique est d'accompagner cette dynamique en définissant le cadre légal pour construire de nouveaux logements", a expliqué Annette Laigneau, qui est chargée de l'urbanisme à la mairie toulousaine (propos recueillis par La Dépêche).


Les habitudes des riverains sont bousculées

Les nouvelles politiques, en termes d'urbanisation, prônent la densification des quartiers résidentiels. Plutôt que de s'étendre indéfiniment, la ville tente d'optimiser l'occupation de certaines zones. Or l'idée de voir des immeubles se construire à proximité ne plaît pas à certains riverains. Les conflits avec les promoteurs se multiplient. De nombreux recours ont été déposés, ces derniers mois.

À titre d'exemple, certains parents d'élèves de l'école Saint-Stanislas ont entamé un bras de fer pour empêcher la construction d'un hôtel dans la cour de récréation. Avenue de Muret, des résidents s'opposent à un projet de 380 logements, estimant que les voiries ne permettront pas d'accueillir leurs occupants. Et ce ne sont pas les seuls.


Les promoteurs contre-attaquent

Annette Laigneau estime que les riverains doivent être écoutés : "La ville se reconstruit sur elle-même, et s'il faut bien accueillir les nouveaux arrivants, il est important de préserver l'identité des quartiers et notre patrimoine. Il ne faut pas dégrader leur équilibre et leur qualité de vie. La demande n'aboutit pas nécessairement à leur délivrance", a-t-elle encore indiqué au quotidien.

10 % des permis de construire sont contestés devant le tribunal administratif et certains promoteurs s’organisent pour se défendre. Par exemple, dans la seconde ville de la région, Montpellier, la Fédération des promoteurs immobiliers Occitanie-Méditerranée (FPI OM) a investi 150 000 euros pour monter une équipe composée d'un détective privé, d’un avocat et d’un huissier de justice. L'objectif est de permettre à ses membres de contre-attaquer : "Les organisations parfois mafieuses qui abusent des délais de traitement des dossiers par la justice. Deux de nos promoteurs adhérents ont déjà fait appel à des détectives privés qui repéraient des similitudes entre les dossiers : sur le type de procédure, les moyens engagés ou bien le nom de l’avocat", a justifié son président, Xavier Bringer.

Le gouvernement réfléchit quant à lui à des solutions pour lutter contre les recours abusifs. Certaines dispositions devraient apparaître dans le projet de loi Élan, dans les prochaines semaines.

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