La maison de Pierre Henry démolie pour bâtir une résidence

Un promoteur s'est porté acquéreur de la maison de Pierre Henry, décédé, il y a quelques mois. Il souhaite la démolir pour construire une résidence. Une pétition a été lancée par les fans du musicien pour tenter de sauver ce qu'ils considèrent être une part de son œuvre. La maison ne sera pas sauvée mais une association permet le sauvetage d’une partie des archives de l’artiste.

un promoteur s'apprête à démolir la maison de Pierre Henry pour construire une résidence


Une maison métamorphosée en laboratoire musical

Pierre Henry a habité la maison située dans le XIIe arrondissement de Paris, 32 rue de Toul, de 1971 à 2017. Il l'a transformée en studio d'enregistrement et y composait tous ses morceaux : "Les sons que garde la maison sont un soutien pour moi. Comme les manuscrits d'un écrivain. C'est la bibliothèque qui vous enrichit un peu tous les jours", expliquait-il lors d'un entretien, en 2005 (propos relayés par Le Parisien).
 
Considéré comme l'un des pères de la musique électroacoustique, le compositeur avait fait de la vieille bâtisse en véritable laboratoire à sons. Il improvisait parfois en salle de concerts, accueillant un public curieux d'assister à ses expériences musicales. La maison est encore remplie de ses partitions, ses machines d'enregistrement et ses bandes magnétiques.
 

Un promoteur veut la démolir pour construire une résidence

Ce pavillon atypique devrait bientôt être détruit. Le propriétaire l'a vendu à un promoteur qui souhaite y bâtir un immeuble moderne, il y a quelques mois. Le musicien, décédé le 5 juillet 2017, à l'âge de 89 ans, n'était que locataire des lieux. Il a sommé Isabelle Warnier, sa compagne, de quitter les lieux au terme de son bail, en juillet. "C'est une épreuve vraiment dure à vivre. C'est une vraie maison d'artiste, un lieu qui mériterait de subsister. Malheureusement, il n'y a plus aucun espoir de sauver la maison mais il en reste un de sauver l'œuvre de Pierre Henry", a-t-elle expliqué à France Musique.
 
Elle s'est résolue à perdre le logement et tente de sauver ce qui peut l'être. Elle espère bénéficier du concours de la bibliothèque nationale de France pour placer "une partie des 10 0 00 bandes magnétiques stockées". Elle vise aussi à attirer l'attention de Françoise Nyssen, ministre de la Culture et Anne Hidalgo, maire de Paris, afin de trouver un lieu capable d'accueillir son matériel et son œuvre. Elle n'est pas seule à mener ce combat : une pétition a été lancée et a recueilli près de 8 000 signatures. Les fans espèrent encore convaincre les élus de faire de l'édifice un musée ou une salle de concert.
 

"Nous n'avons pas les moyens d'intervenir"

Le ministère n'a pas réagi. La mairie a quant à elle précisé qu'elle entretenait "un lien étroit avec l'association", qu'elle "finance depuis de nombreuses années". Elle s'est dit déterminée à trouver une solution pour accueillir tout le matériel et l'œuvre du compositeur. Le Conseil de Paris s'est quant à lui prononcé en faveur de la pose d'une plaque commémorative.
 
Catherine Baratti-Elbaz, maire (PS) du XIIe, ne pense pas que la maison sera sauvée : "Il s’agit d’un dossier immobilier 100 % privé dans lequel nous n’avons pas les moyens d’intervenir", a-t-elle confié au Parisien. Elle ne justifie pas d'être classée et il devrait être très difficile pour les opposants du promoteur d'obtenir satisfaction.
 
Au final, c’est l’association Son / Ré (Son et Recherche électroacoustique) qui bénéficiera d’une somme de 20 000 € qui seront utilisés dans le but de sauver les biens de la maison de Pierre Henry. Ces biens seront ensuite transférés dans un local commercial qui va prendre place sur le passage Hennel.

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