Ile-de-France immobilier : les logements neufs sont menacés par la pénurie
Aujourd’hui, entre la crise sanitaire liée à la covid-19 et les maires qui ne veulent pas passer pour des élus “bétonneurs”, les constructions de logements neufs se raréfient dans la région d’Ile-de-France. C’est la Fédération des Promoteurs Immobiliers Ile-de-France (FPI), qui met en garde les élus concernant la menace qui pèse sur la crise du logement et la chute des constructions liées au manque de délivrance des permis de construire dans les communes.
© Photo de Paris, Photographe Thorsten Technoman, Pexels.
© Photo de Paris, Photographe Thorsten Technoman, Pexels.
S’armer de patience pour obtenir un logement neuf en Ile-de-France
A cause de la chute des constructions de logements neufs, il est difficile de se projeter rapidement pour vivre en Ile-de-France. En effet, la production de logements est tellement faible, qu’il vous faut vous armer de patience et faire face à une concurrence de potentiels acquéreurs pour obtenir votre bien immobilier dans la région. Les chiffres parlent d’eux mêmes, seulement 6 000 logements ont été vendus dans les trois mois, au début de l’année 2021. Mais le pire de la crise du logement neuf reste à venir, cette année les volumes sont les plus bas. Du jamais vu depuis 2015. Les chiffres des chantiers ne sont pas mieux, avec seulement 3 100 lancements d’appartements sur la même période. Un chiffre alarmant qui correspond à celui de l’année 2008… D’après la Fédération des Promoteurs Immobiliers, c’est un coup dur qui risque de s’empirer dans les années à venir : cela représente 1 400 lancements en moins face au dernier trimestre 2020 et jusqu’à 3 300 chantiers perdus par rapport au premier trimestre 2019.
Le secteur de la construction de logements neufs souffre depuis près de 2 ans
Le problème est la délivrance des permis de construire, ralentie depuis déjà près de deux ans. Traditionnellement, pour conserver leur statut, les maires stoppent la délivrance des permis de construire une année avant les échéances électorales, afin d’éviter de porter l’image de “bétonner la ville” face aux riverains. Mais, il y a une très forte tension immobilière en IDF et les promoteurs immobiliers ont du mal à développer des programmes immobiliers qui sont indispensables pour loger la population en forte croissance d’Ile-de-France.
Marc Villand, le président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI IDF) n'hésite pas pour dénoncer les responsables de cette situation “la période est extrêmement préoccupante et nous sommes face à un immobilisme effrayant, regrette-t-il. Nous ne pouvons plus répondre aux besoins des Franciliens en matière de logement, tant la délivrance des permis de construire est à l’arrêt. Il faut arrêter de prendre les promoteurs pour des boucs émissaires. Nous sommes là pour aider les gens à se loger, pas pour défigurer la ville.” Il appuie sur le fait qu’il est regrettable que le promoteur immobilier ait l’image du grand méchant loup à chaque élection municipale alors que, cela ne correspond pas à la réalité du secteur de l’immobilier neuf, car la tension immobilière actuelle impacte les prix du neuf qui sont aujourd’hui très élevés.
La crise sanitaire a joué un rôle dans l’appauvrissement de l’offre pour les logements neufs
L’offre de logements neufs inférieure à la demande s’est empirée depuis le début de la crise sanitaire en 2020. L’écart est grand, il y a un peu moins de deux ans en arrière, 131 000 logements neufs ont été vendus contre 100 000 en 2020. En Ile-de-France, 5 à 6 constructions étaient lancées en début de trimestre et depuis le début de l’année, ce chiffre s’est divisé en deux à cause de la délivrance des permis de construire qui tardent à venir. “Nous subissons, depuis deux ans, une baisse de 10 % à 15 % de constructions neuves”. affirme Loïc Madeline, Directeur Général Délégué à la Sogeprom. Le risque pour la région d’Ile-de-France est que celle-ci perde son attractivité. Les familles risquent de partir dans d’autres villes comme Nantes en Loire-Atlantique ou Rennes en Ille-et-Vilaine qui ont beaucoup mieux géré leurs opérations face à la crise sanitaire que la métropole du Grand Paris.
Le président de la FPI IDF appelle au gouvernement pour dynamiser le manque de construction
"L’Etat fixe un objectif de construction mais ne nous donne pas les moyens de les réaliser” regrette-t-il. Il demande que le préfet intervienne auprès des maires afin de ralentir la tension immobilière présente et d’augmenter les autorisations à construire. Par rapport à ce qui était prévu dans le Plan Local d’Urbanisme, la baisse de densité de 35% risque de devenir infernale pour la région parisienne et le secteur de la promotion immobilière. En plus de devoir faire face à la crise sanitaire et au retardement engendré, les restrictions pour construire sont de plus en plus drastiques et les recours toujours plus nombreux. La délivrance des permis de construire a baissé de 25% en 2020 et fait du logement social la première victime du manque de construction en Ile-de-France. L’année dernière, seuls 20 000 logements sociaux sont construits, alors que l’objectif fixé par l’Etat est de 37 000 constructions par an. Jean-Luc Vidon, Président de l’Association Régionale HLM Ile-de-France déplore l'absence de politique cohérente à l’échelle de la région ce qui permettrait d’impulser un véritable dynamisme.”
De plus, la situation ne risque pas d’évoluer car les bailleurs sociaux se retrouvent en concurrence avec les opérateurs privés à cause de la raréfaction du foncier. La loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain), qui impose au moins 20 % de logements sociaux dans les communes, n'est pas suffisante pour les foyers les plus fragiles et le manque de logements risque de se faire d’autant plus ressentir avec l'arrivée des gares du Grand Paris Express.
De plus, la situation ne risque pas d’évoluer car les bailleurs sociaux se retrouvent en concurrence avec les opérateurs privés à cause de la raréfaction du foncier. La loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain), qui impose au moins 20 % de logements sociaux dans les communes, n'est pas suffisante pour les foyers les plus fragiles et le manque de logements risque de se faire d’autant plus ressentir avec l'arrivée des gares du Grand Paris Express.