Marseille : le promoteur immobilier Icade met son immeuble à la disposition d’artistes

Le bâtiment situé à quelques mètres du Stade-Vélodrome doit être détruit l’an prochain. La surface de 16 000 mètres carrés qui était un immeuble de bureaux, est à présent devenue le berceau éphémère de 200 artistes. Le grand immeuble de 9 étages situé à Marseille est occupé depuis le mois de février 2020 par des artistes mais aussi, une école d’infirmière de la Croix Rouge.

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L’association Yes We Camp a pour but de créer un lieu d’art hybride

Yes We Camp et plus de cinquante artistes marseillais se sont mobilisés dans le cadre du projet “Buropolis”. L’association soutenue par la Mairie de Marseille est spécialisée dans l’occupation temporaire d’espaces urbains. Les artistes ont accès aux espaces habituels de production et d’exposition tout en ayant la possibilité d’utiliser ce lieu de vie en prenant en main artistiquement tous les petits aspects du quotidien. En effet, leur lieu de travail est aussi leur lieu de vie où l’on peut manger, construire, jardiner, socialiser (...) en plus des pratiques artistiques.
“Un gros bâtiment avec des artistes dedans”, quelques mots pour définir le challenge que s’est donné Raphaël Aziot, coordinateur artistique chez Yes We Camp.

Le bâtiment devrait être démoli en 2022 par son propriétaire, le groupe immobilier français Icade. La filiale de la Caisse des dépôts et consignations va transformer l’immeuble de bureaux en logements sociaux. Mais, avant sa destruction programmée dans 2 ans, l’ex-immeuble de bureaux situé à Marseille, dans le IXe arrondissement, est cependant occupé par : des peintres, des architectes, des constructeurs, des sculpteurs, des artisans, des photographes et d’autres artistes. Ici, tous les métiers se croisent au cœur de “Buropolis” où les espaces ne manquent plus aux créateurs. En effet, les espaces artistiques partagés sont rares. Seulement 13 ateliers sont mis à leur disposition dans la cité phocéenne, pourtant nommée en 2013, ville capitale européenne de la culture.
“Dans un coworking, c’est chacun chez soi. Ici, c’est comme une petite ville, on partage tout” d’après Silvia Romanelli, costumière. L’italienne de 35 ans qui a dû quitter son atelier, arrivé à échéance, dans le quartier du Panier à Marseille, occupe à présent un grand espace dans l’immeuble, pour un loyer de 3€ le mètre carré.


Le coût global est estimé à 1,2 million d’euros

Plusieurs services de la ville ont participé au développement du projet, la ville de Marseille et la mairie de secteurs sont investies depuis le début, notamment par le biais de Mathilde Chaboche, adjointe chargée de l’urbanisme. Le budget global pour réhabiliter l’immeuble est estimé à 1,2 million d’euros, avec 80% d’autofinancement et 20% de financement public.
« Le fait que Yes We Camp puisse postuler pour l'occupation de ce bâtiment qui est voué à la démolition va dans la dynamique que nous voulons impulser à Marseille, explique Jean-Marc Coppola, adjoint chargé de la Culture.

L'immeuble des années 70 est devenu une cité éphémère pour les artistes. Au 9ème étage du bâtiment 1 000 mètres carrés sont réservés pour l’exposition des œuvres. Au rez-de-chaussée, les artistes ont accès à la buvette, à la cantine, à une bibliothèque et à côté un coin lecture pour les jeunes du quartier. De plus, “Buropolis” dispose d’une dizaine d’ateliers individuels accessibles pour seulement 10€ le mètre carré. «On peut rester dans sa bulle mais aussi profiter de la collectivité pour recharger. Cela crée une forme d'émulation», explique Franck Conte, street-artiste et peintre connu pour ses peintures des joueurs de l’Olympique Marseillais sur les murs de la cité. Pour seulement 100 euros par mois de loyer, “Buropolis” est une aubaine pour les artistes qui n’ont pas les moyens de s’acheter un atelier.


Informations complémentaires :
Yeswecamp.org : Buropolis

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